mardi 6 août 2013

Les "renardes"

maudelynn:

The Faceless Girl by George H Seeley c.1906 



Personne ne savait au juste à quoi elles ressemblaient vraiment.  N’empêche qu’en ce temps-là, vous n’auriez trouvé personne pour douter de leur existence. Dés leur  plus jeune âge, les mères apprenaient aux enfants qu’il ne faut jamais s’approcher de la forêt les nuits de pleine lune. Au matin de la Saint-Jean, les bûcherons qui sont ordinairement des rustauds de la pire espèce ne manquaient jamais de tresser des couronnes de fleurs qu’ils accrochaient pour elles aux branches d’un vieil aubépin.  Les jeunes filles qui souhaitaient trouver un gentil fiancé pouvaient leur déposer un pot de miel ou de confiture de cynorhodons au pied d’une sorte de menhir. Même s’ils ne l’avouaient pas, les villageois s’y référaient bien plus qu’à la sainte Vierge.  Ici on ne les appelait pas des « fées ». Les rares fois, où les gens du hameau parlaient d’elles, ils disaient les « renardes  ». Le mot n’avait l’air de rien mais, ils ne le prononçaient jamais facilement, ils le chuchotaient.  Parfois dans les conversations certaines expressions locales y faisaient allusion. On employait «  Il a dansé avec les renardes » comme une façon de dire «  il a perdu l’esprit, il est devenu fou ». En hiver, quand le soleil rougeoyait l’horizon, il arrivait qu’une vieille radote : « les renardes font cuire leur pain ».
Bien sûr quand  un voyageur égaré ou un colporteur nomade passaient au hameau de la Renardière c’était bouche cousue...

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